Le SerpentSerie News

Je suis fan de fictions sous toutes formes. Les séries TV en font évidemment partie. Voici ma pierre à l’édifice sériel.

Le Serpent

Sortie le 4 avril 2021 sur Netflix

Hé oui, les gens, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, je suis aussi un amateur de séries. Et depuis qu’on a inventé Netflix, il ne s’est pas passé un délai équivalent à au pire quelques grèves du TEC sans que je ne m’enfile l’ou ou l’autre épisode. Plus l’autre que l’un car il est bien rare que je me contente d’un seul à la fois.

Oh bien sûr je proviens d’une époque où “série” équivalait à “télévision”. Vous savez, le truc inconcevable qui pesait cinquante kilos, qui piquait les yeux, et même qu’on devait adapter ses horaires pour regarder quelque chose de précis, qu’on devait laisser sa vessie exploser sous peine de rater un moment critique, et qui faisait qu’on maudissait toute personne qui vous appelait au téléphone au même moment. Parce qu’à ce moment-là, le téléphone, qui était lui-même un appareil bizarre avec un fil qui sortait du mur, il était rarement à côté du poste, et donc, ça entraînait un effort physique pour y répondre. Gasp. On dirait le moyen-âge. Mais je vous jure, ça a existé. Mais je recommence à m’égarer. (Ceci dit, c’est une forme de spécialité maison.)

Je profite donc de l’occasion qui m’est donnée de produire le premier article réellement nouveau de ce blog pour vous donner ma vision de cette série récente issue de la maison Netflix qu’est “Le Serpent“.

Un peu de contexte.

Le vrai serpent et le faux serpent

Le vrai serpent et le faux serpent. Une mue intéressante.

Cette série est basée sur des faits réels et traite du parcours d’un criminel qui était totalement passé l’extérieur de l’assiette périmétrique de mon radar à actualités personnel, à savoir Charles Sobhraj (joué par Tahar Rahim). Même en actionnant la tractopelle de Marie-salope d’excavatrice de fond de boue mentale de mes souvenirs les plus vagues, je ne me rappelle pas avoir été interpellé par ce charmant patronyme. (Bon, au visionnage du truc, ça valait peut-être mieux.) Un type aux origines multiples et mal définies (franco-indo-vietnamo-apatride ?) qui a tué un nombre conséquents de personnes un peu partout sur la planète, avec une spécialité avérée pour les homicides en territoire oriental. Difficile de vous en dire plus sans vous spolier. On l’a appelé “Le Serpent”. C’est dingue comme les producteurs ont été imaginatifs au moment de trouver un titre pour la série. Bien évidemment un séducteur pervers qui entraîne des fanatisés aveuglés par son charisme apparent : femme en détresse et proie rêvée avec la québécoise Marie-Andrée “Monique” Leclerc (Jenna Coleman), ou l’indien (on suppose) Ajay Chowdhury (Amesh Edireweera) qui devient son exécuteur. La série est principalement focalisée sur les activités de Sobhraj et acolytiques en Thailande et au Népal, mais a carrière criminelle est géographiquement plus disparate. La majorité de l’action se passe vers 1975-76.

Sous fifre diplomatique, hollandais et roux.

Sous fifre diplomatique, hollandais et roux. La vie est parfois cruelle.

Bien sûr, si on a entendu parler de lui, c’est qu’il n’a pas été assez doué pour ne pas se faire prendre. Et c’est là le pitch assez génial de l’histoire, car il faut bien des gentils pour traquer la créature du malin. Et ici, on n’a pas à faire à des flics ou toute autre forme d’enquêteur formé à ce but précis mais à un diplomate hollandais, sous-fifre à l’ambassade des Pays-bas à Bangkok, Herman Knippenberg (joué par Billy Howle), à son épouse, et à une joyeuse bande de bras cassés locaux. Knipenberg (au patronyme cent mille fois écorché vif), auquel personne ne prête attention, est contacté un jour par la famille d’un jeune couple hollandais disparus sans laisser de trace lors d’un voyage en Thaïlande. Avec un brin de chance, Knippenberg fait le rapprochement avec un crime local non élucidé : un couple retrouvé brûlé vif et erronément identifié comme des touristes australiens. Dès lors il se lance dans une quête pour prévenir la police thaïlandaise, qui s’en bat royalement les steaks, mais qui, faute du moindre moyen humain à consacrer à une enquête d’aussi peu d’importance (qui aurait des steaks à battre de quelques hippies drogués en partance pour d’improbables bouddhisteries ?), le laisse quand même enquêter de son côté. Après tout, on ne sait jamais, hein, s’il trouvait quelque chose, ils pourraient s’en attribuer le mérite, et s’il ne trouve rien, on a toujours moult steaks à s’en battre. Royalement. Et notre secrétaire d’ambassade batave, évidemment, sa hiérarchie à aussi des coquillards à se tamponner du fait qu’il consacre autant de temps à ses lubies sans fondement plutôt qu’à son impérieuse mission diplomatique de tamponner des passeports en voie de péremption.

Vous aurez déjà deviné qu’il ne fait pas sous-estimer un hollandais qui s’ennuie, même s’il est mal coiffé. Et statistiquement un peu roux.

Alors pourquoi est-ce que c’est une série qu’elle est bien de pour la regarder ?

Quand on essaie de prendre un peu de recul après le visionnage des huit épisodes de plus ou moins une heure maximum, les sentiments qui s’en dégagent sont pêle-mêle : le dégoût, l’effroi, la consternation. A la fois devant l’épouvantable personnalité de Sobhraj (qui change de nom plus souvent que je ne change d’opinion concernant la pertinence de l’analyse de beaucoup de mes contemporains face à la gestion de la crise covid par les divers organes de pouvoir à travers le monde), ou plus souvent appelé “Alain Gauthier” tout au long de la série, mais aussi devant la bêtise humaine étalée par à la fois la police, les ambassades, les touristes insouciants, les politiques à l’approche des élections, et j’en passe.

Pervers narcissique

Les multiples visages du pervers narcissique

Mais surtout, ce qui finalement m’a le plus interpellé, choqué, esbaudi, collapsé, épastrouillé, c’est qu’à la découverte de cet ignominieux et abominabilissime personnage, je me suis retrouvé face à un archétype d’une des formes de personnalités les plus toxiques qu’on puisse rencontrer dans ce monde : le très fameux “manipulateur pervers narcissique“. Mais un beau. Un de concours. Un spécimen de labo. Un étalon. Un pourri de classe planétaire. Berk. J’en attrapais la nausée au fur et à mesure des épisodes. On devrait montrer “Le Serpent” à toute victime de manipulateur pour en découvrir toutes les facettes horrifiques. Mensonge, séduction, déguisement, égocentrisme, absence totale d’empathie, tout, tout, tout y est. Et évidemment, c’est jamais sa faute, c’est toujours les autres. Ce salopard gluant a même la possibilité à certains moments de se rendre presque sympathique, c’est atroce. Tahar Rahim le joue vraiment magnifiquement. Je me surprenais parfois quelques microsecondes à avoir envie de le plaindre, pour illico me rendre compte de la stupidité de mon raisonnement. C’est juste un être profondément abject. Bref, extrêmement télégénique, il faut bien le dire.

On suit donc l’évolution du CV du sociopathe avec avidité. Je dis bien sociopathe, pas psychopathe : ce type ne fait rien par simple cruauté, uniquement par intérêt personnel. Et surtout on se prend de passion pour ce très sympathique Knippenberg à qui tout le monde passe son temps à mettre des bâtons dans les roux. (Oui je sais elle est facile, mais un peu de facilité n’a jamais tué personne. Encore que.) On tremble devant les choix complètement foireux de plusieurs victimes en se demandant comment elles ont bien pu se laisser entraîner là-dedans. C’est de la très bonne histoire, y’a pas à dire. Et finalement je crois que je n’ai pas spolié grand’chose, l’honneur est sauf.

Les côtés un peu moins terribles.

A y bien réfléchir, j’ai mauvais gré de mettre cette phrase au pluriel. Je pourrai éventuellement souligner le fait que l’histoire faisant appel à de continuels flash-backs, on a parfois un peu de mal à se situer sur une ligne du temps cohérente, mais la construction un peu temporelle un peu décousue peut largement se justifier par l’évolution de l’intrigue. Plus on progresse dedans, plus on a besoin d’éléments explicatifs du passé, qui noircissent au fur et à mesure le personnage, dévoilant ainsi sa laideur de manière continuelle. Bon, n’empêche, ça m’est arrivé d’être un peu perdu et de me demander on était en quelle année dans l’histoire. Mais c’est très mineur.

Non, ce qui dessert la série… C’est les dialogues. Et je ne parle pas de ce que les personnages disent, non, ça rien à dire. Je parle de la façon dont ils le disent. Là, c’est une catastrophe. Dans une situation aussi internationalement hybride, on parle plusieurs langues. Sobhraj est francophone et anglophone. Lui, rien à dire, dans toutes les langues il est doublé par l’acteur qui se débrouille sans souci en anglais ou en français. Mais les autres…. Aaaaargh……. Bien que totalement crédible dans son personnage de Knippenberg, Billy Howle joue un hollandais. Or il est britannique. Mais on le fait parler néérlandais de manière récurrente. Et probablement que la plupart des spectateurs du monde en auront également une montagne de steaks à battre, mais pour un belge, CA ECORCHE LES OREILLES !!! Howle doit réciter son néerlandais phonétiquement par coeur, mais non, non, non, même le flamand du Westhoek a l’air de sortir vainqueur des jeux olympiques de l’harmonie vocale à côté du batave bavé par Howle. Aucun de ses mots néerlandais ne sonne juste, c’est abominable. Et ça c’est très mauvais, que ce soit en VO ou en VF.

Oreilles cassées

J’ai mal mes oreilles.

Quand à Monique, elle est supposée être québécoise. Or Jenna Coleman est également britannique. Certes, son français est totalement passable pour une citoyenne d’albion (perfide ou pas), mais elle a un accent british quand elle parle français. Et on sent qu’elle essaie de mettre une pointe d’accent exotique dans son français, mais l’effet est, pour un francophone, absolument ridicule. Bien que fan des séries en VO, j’ai très vite abandonné ça pour passer sur la VF. Là, au moins, on la double dans un français correct. Mais un français neutre, de France. Ils auraient quand même pu la faire doubler par une actrice québécoise un peu typée pour faire crédible. Mais bon, au moins, en VF, on finit par oublier ça. Tabarnak.

Autre raison qui m’a fait abandonner la VO : une des personnages qui donne du renfort à Herman, c’est Paul Siemons (Tim McInnerny). Lui est aussi diplomate à l’ambassade de Belgique à Bangkok. Un belge qui team avec un hollandais, nom de dieu. Vous croyez qu’ils vont se parler comment ? Hé ben évidemment, dans la VO ils se parlent en anglais… Et les scénaristes, vous pourriez vous documenter ? Vous pouvez imaginer un diplomate belge en poste à l’étranger qui ne parle pas le néerlandais ? Ca va pas non ???? Sans compter qu’on prétend toujours que le français est la langue des diplomates et qu’on est en droit de supposer que le français, le vrai Knippenberg devait aussi le maîtriser en partie. Mais non, il faut qu’on nous les présente comme une sorte de tandem à la Laurel et Hardy qui communique en anglais. J’en ai encore le sphincter en crispation maximale. Bon, je sais, ce sont des détails, et on va encore retrouver plein de steaks à battre pour des chipotages pareils dans la majorité de la population.

Ben moi ça me gâche le plaisir, voilà.
Comme quand dans des vaisseaux spatiaux font du bruit dans l’espace dans les films de science-fiction, ou quand dans les experts on donne des adresses IP avec des nombres genre “500-84557#814@A”.

Ca me fait vraiment très mal au cul, mais la majorité s’en fout.

Concluons.

Cette partie sonore est vraiment la seule chose qui m’a un peu gâché le plaisir. Pour le reste, c’était excellent. Mon conseil est : même en tant que puriste et même si c’est catalogué série british, je vous recommande de la regarder en VF si vous êtes belge. Ou hollandais.

Ou roux.

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