Confinement jour XIII

J’ai retrouvé une photo de moi en pangolin.

Je ne sais plus de quand elle date. Est-ce finalement moi qu’on a mangé ? Suis-je responsable de tout ce bordel ?

Je suis confus. Tout cette pression de confinement.

C’est samedi aujourd’hui. Je le sais parce qu’il n’y avait pas les Feux de l’Amour à la télé ce midi.

C’est bon d’avoir des repères stables mais je me sens un peu tout nu sans eux.

Les enfants sont rentrés à la maison. Confinement maximum, la maison a trois étages, on occupe chacun le sien. C’est embêtant, il n’y a qu’une seule toilette. Le mur de PQ semble finalement disproportionné. Les kids ne semblent pas affectés par le virus. Enfin pas celui-là. J’ai résisté à l’impulsion de les appeler Victor et Jack. Il faut que je donne encore un peu l’image de gérer un peu les événements.

Je n’ai plus de pyjama. Il semble que les chats n’aient pas respecté les consignes pour la lessive. Faut dire que quand ils ont constaté que la poudre s’appelait “Le Chat”, ils ont considéré qu’ils étaient délivrés de leurs obligations. Sales bêtes.

J’ai été faire un tour au grenier. C’est dépaysant. Je suis un peu en froid avec mon canapé depuis que lui aussi il a commencé à me parler. Mon canapé s’appelle René. Il a du mal à supporter la proximité imposée avec la table de salon. Ils ont des opinions politiques divergentes. Vais-je entamer une carrière de médiateur pour mobilier ? Les possibilités de recyclage semblent infinies.

Cet après-midi je vais essayer d’aller au fond du jardin.

Mais j’ai vraiment peur de me perdre en chemin.

J’ai plus l’habitude d’aller aussi loin.