…Où je m’étends quelque peu sur ma vie personnelle
Confinement, jour pneu de tracteur-chantilly.
Je pensais hier tomber amoureux, histoire de m’occuper un peu, mais force m’est de constater que quand on est le seul humain dans les mètres carrés environnant, ce n’est pas une tâche aisée. J’aurais bien tenté le coup avec les chats, mais ils semblent ne se préoccuper de ma vie sentimentale que quand elle prend la direction du sac de croquettes ou de la porte du jardin.
Je n’essaie même pas avec les meubles, car apparemment Ivan le divan et Claire le lampadaire ont décidé de se mettre en couple. Ils viennent d’ailleurs de s’afficher sur leur statut facebook avec la mention “c’est compliqué”. Je comprends que c’est compliqué. Déjà hors confinement ils ne font rien, et ils continuent dans la même voie en ce moment. Cette promiscuité des objets est quelque chose que je ne comprendrai jamais, de même que leur profond manque d’empathie ou leur manque totale de connaissance du grec ancien. Je commence à détester les objets. Ils m’espionnent. Ils me mentent. Ils me décoiffent la nuit. Ils font disparaître la fin de mes. Voilà. Qu’est-ce que je vous ?
Ayant donc tout le loisir de le faire, j’essaie de m’imaginer quelle serait la compagne idéale qui pourrait faire en sorte que je tombe amoureux en pleine #confinopathie. Bon, déjà, pourquoi, tomber ? Bizarre cette expression. On tombe amoureux comme on tombe dans l’escalier ? Ca fait mal ? Ca fait des bleus ? Soit. Un mystère à la fois.
Un cahier de charges, voilà ce qu’il faut faire. La compagne idéale. Creusons. Hmmm… Laissons les images envahir notre cerveau malade. Non, pas Victor Newman, surtout pas. Ah voilà : elle devrait être aussi rassurante que Marius Gilbert réuni. Et puis douce comme… Heu… Un bébé taupe. C’est ça. Marius Gilbert avec un manteau en peau de bébé taupe. Avec des oreilles. Collées. De préférence. Et des chaussettes multicolores, parce que ça rassure aussi. Et du café. Pas possible de tomber amoureux sans café. Non. Ca va pas. Je suis confus. Mon cahier de charges ne ressemble à rien. Je ferais mieux de demander conseil à Joséphine Ange Gardien. Ca c’est bien. Passons à autre chose. Je sens que plus personne n’arrive à me suivre.
Pour me changer les idées, j’ai jeté un coup d’œil dans mon portefeuille. J’y ai trouvé des billets. Ils ont l’air tellement vieux que les figurines y attrapent des rides. Il faut dire que plus personne n’en veut. Quand tu essaies de payer avec des billets, les gens ont tellement peur qu’ils soient infectés qu’ils hurlent instantanément dès que tu leur mets sous le nez. Alors j’ai confiné les billets. Mais ils s’ennuient, ça se voit. Bon. Je vais les ranger dans mes armoires, maintenant que j’en ai plein partout.
Tiens, Francísz Barbapúsz a recommencé à bloguer. Lui aussi il est confinopathe, ça se sent. C’est encore un ami imaginaire. Je n’ai aucune preuve de son existence. Faut dire qu’on s’est connu dans un milieu confiné, où il n’y avait pas de plafond. Je sais comment je peux essayer de devenir son ami. Je vais louer des neveux. Comme ça on pourra s’échanger nos doubles.
Mais à quoi vais-je donc occuper mon temps ce soir ? Compter les gouttes d’eau qui sortent du robinet de la cuisine ? Proposer des services de vidéoconférence pour des gardiens de troupeau. Inventer des recettes de cuisine à base de dentifrice. N’importe quoi. Ou jouer aux cartes avec les chaises de la salle à manger.
Mais non. Elles trichent.
C’est fourbe une chaise.
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