“R42” était un département de l’ancêtre des réseaux sociaux “parano.be”, site directement inspiré du jeu de rôle “Paranoïa” que j’ai beaucoup pratiqué pendant mon adolescence. C’était une équipe de joyeuses et joyeux timbrés aimant l’absurde aux talents rédactionnels jouissifs. Vous trouvez ici quelques contributions personnelles à ces loufoqueries collectives.
[UI] Eugene Briseburnes vous veut du mal
Proposé par MrNeutron-84169 le 19/08/2007 ,Validé par 46835
Il vous écoute !!!
Il est plus connu qu’Elvis Presley réuni, et pourtant personne ne connaît son nom. Je me décide donc à vous présenter cette créature unique en son genre, cet être improbable qui vous a à toutes et tous pourri la vie depuis toujours, j’ai nommé Eugène Briseburnes.
Son nom ne vous dit rien, mais vous le voyez tous les jours. Eugène Briseburnes n’a pas de début et n’a probablement pas de fin ; il est probable qu’il soit fait d’une essence divine, tirant son principe existentiel de ce que l’univers compte de plus triste, ennuyeux, déprimant, agaçant, énervant, éreintant, pénible et chiant.
Eugène Briseburnes se présente habituellement sous l’aspect d’un petit vieux terne, portant une casquette grise et un imperméable défraîchi. C’est l’homoncule qui se trouve en tête de la file d’attente du seul guichet ouvert le samedi à votre banque. Eugène Briseburnes et l’homme qui vous fait attendre. Il se déplace lentement, parle lentement, fait tomber trois fois son portefeuille par terre, pose des questions d’une bêtise affligeante, et ne termine sa suite incongrue d’opérations bancaire (qui, TOUTE SANS EXCEPTIONS peuvent être réalisées avec le self banking !) que quand la file au guichet s’est répandue sur le trottoir et que trois personnes en train d’attendre en sont déjà venues aux mains.
Vous le situez, maintenant ? Hé bien quel que soit l’endroit où cette mésaventure vous est advenue, ce que vous ne saviez pas, c’est qu’il s’agit d’une seule personne, un seul homme qui n’a pour but que de vous pourrir la vie. Vous personnellement, mais aussi tous les autres. Il s’appelle Eugène Briseburnes, et il est méchant.
Après son passage à la banque, Eugène Briseburnes reprend sa voiture terne et grise (qu’il avait auparavant garée juste avant votre arrivée sur DEUX places de parking contigües) et il prend sa place dans le trafic. Eugène Briseburnes ne roule qu’aux heures de pointe. Sur l’autoroute, il roule sur la band de gauche, à moins de 100 à l’heure. Il dépasse tous les camions centimètre par centimètre pendant que derrière son véhicule démoniaque, trois cent voitures conduites par des travailleurs en retard attendent jusqu’à la crise de nerfs que le chemin se dégage devant eux. Quand Eugène Briseburnes finit par se rabattre, vous avez raté votre sortie. Vous le reconnaissez ? Hé oui, sur toutes les routes du pays, c’est toujours le même : il a sa casquette de vieux vissée sur la tête et il s’appelle Eugène Briseburnes.
Eugène aime aller faire des courses. Il n’y va bien sûr qu’aux heures où les gens sont les plus nombreux et les plus impatients, comme le vendredi soir, ou pire… le dimanche matin. N’allez jamais faire vos courses le dimanche matin car à tous les coups, vous allez faire la file à la caisse derrière Eugène Briseburnes : il vous attend, devant vous, avec sa casquette et son caddy de vieux ; il a passé des heures en travers des rayons pour choisir les articles dont le code barre est illisible, afin que la caissière doivent repartir dans le rayon PLUSIEURS FOIS ; au bout de son périple, à l’heure d’annoncer le montant, Eugène a oublié son portefeuille. Et, derrière lui, vous avez dépassé le stade de tolérance à l’ennui, vous avez mâché toutes vos dents et le moindre mot prononcé à votre encontre vous fera commettre un meurtre. Vous avez une nouvelle fois été la victime de l’antéchrist de l’ennui, su succube de l’emmerdement : Eugène Briseburnes. Il est seul, mais il est partout. Et il vous déteste.
Les journées d’Eugène Briseburnes sont longues ; il a dans son agenda l’horaire de tous les habitants du pays et il organise soigneusement son planning pour ne rater personne. Eugène est partout mais il ne laisse rien passer.
Eugène Briseburnes est un habitué des consultations chez le médecin. En général, il s’y rend le seul jour où votre emploi du temps vous permet d’y aller vous-même. Il est juste avant vous dans la salle d’attente, vous laissant la fausse impression que vous n’attendrez pas longtemps. Erreur. Eugène Briseburnes a avec lui toutes ses radiographies depuis la découverte du radium. Et vous patienterez, vous patienterez plus que vous ne l’avez jamais fait, le temps qu’Eugène ait poussé le médecin au quasi suicide et vous-même au bord d’une spectaculaire implosion.
Maintenant, vous le connaissez. Vous avez son nom. N’oubliez jamais. Sachez le reconnaître et lui survivre. Eugène Briseburnes est l’apôtre de l’ennui, le messie de la mesquinerie, le prophète de la contrariété. Il vous déteste, et il vous guette.
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