Je suis Je

J’ai maltraité Je.

J’ai nié Je.

J’ai anesthésié Je.

J’ai cru tout les nuisibles qui me disaient que je est mal, je est sale, je est moche, je est rien.

Je n’a jamais été rien.

J’ai blessé Je.

J’ai presque tué Je.

J’ai cherché Je dans des miroirs déformants. J’ai vu Je dans les yeux de la haine en pensant que c’étaient les miens.

J’ai noyé Je.

J’ai essayé de Je réparer avec des outils inadaptés. J’ai rustiné Je. J’ai rapiécé Je. J’ai bricolé Je.

J’ai construit Je avec ce qui passait à ma portée, sans savoir si ça tiendrait, si ça ressemblait à quelque chose.

J’ai touché le fond de Je. Plusieurs fois. Dans le désordre.

Mais Je n’a jamais voulu mourir. Je est résilient. Je est Wolverine. Je est Survivor.

Je est resté tapi dans mes recoins les plus sombres. Je était en sommeil.

Puis Je est revenu.

Je était tout petit, tout affaibli, un avorton qui ne voulait pas disparaître.

Mais Je était là. Quand même. Encore. Toujours.

Et Je a commencé à parler à moi.

Et je a écouté moi. Un peu. Puis plus.

Oh, moi ne s’est pas laissé faire, il a continué à se moquer de Je.

Mais à force…
Je a fait la paix avec moi sans rien demander en retour.

Moi pensait que ce n’était pas possible.
Mais si.

Un jour à la fois.

Je a pris moi par la main, et moi l’a accueilli.

Et je suis devenu moi.

Et je suis loin d’avoir fait le tour.

C’est moi qui vous le dit.