Gaston le Lapin est un personnage fictif dont les aventures ont été confectionnée sur à un délire collectif des membres de Coucougamin.
“Ûrk Ougl Bigl”.
(Extrait du livre sacré des adorateurs de confiture de pingouins)
Armé de son bâton à éplucher les chiens, Gaston le Lapin, cow-boy solitaire, errait désespérément dans la jungle monégasque car il était en mission secrète. tellement secrète, d’ailleurs, que pour bien se convaincre de l’ubiquité de sa situation, Gaston s’était fait greffer un esquimau dans la joue droite, ce qui lui permettait de voir à travers ses paupières…
Longtemps avant, Gaston avait fait son service militaire dans une baignoire où il y avait eu la guerre. Il avait survécu tant bien que mal à une attaque sauvage d’amazones shampouineuses schizophrènes qui lui avaient volé son stock de tables de nuit. Depuis, Gaston avait une féroce rancune contre le shampooing, les amazones, les tables de nuits et les baignoires. Chacun de ces accessoires lui provoquait outre une féroce répulsion, une envie irrépressible de danser le disco, de manger des boulons de huit et de faire ses courses à Aldi. Ce qui, vous en conviendrez, ne sied guère à un super-héros de son gabarit, ma foi fort beau.
Et alors qu’il était à nouveau en train de sauver le monde d’un méchant Ted Turner karatéka cannibale germanophone turfiste, il fut interrompu par son collègue Alain le Tapir Lourd qui l’appelait sur son Nokkia Communicator avec liaison internet par satellite, essuie-glace incorporé, enregistreur d’aiguilles à tricoter, congélateur trois étoiles et roue de secours dans le coffre.
-“Gaston, téléphone”, lui dit-il au téléphone.
-“Oui, je sais, j’en ai déjà un !” répondit Gaston, excédé par ce quota de fourberie inadéquate et superfétatoire ; tout en liant le méchant Ted Turner karatéka cannibale germanophone turfiste avec de la ficelle d’emballage cadeau barbelée.
-“Tu te souviens de Victor le Castor ?” lui asséna le Tapir du haut de sa splendeur à distance.
-“Victor…” dit simplement Gaston.
Et son regard se voila pudiquement (comme la roue d’un vélo se voile après un choc contre une bordure mal stationnée)… Une cascade de souvenir plus ou moins enfouie dans la vase logorrhéique, poisseuse et agitée de mouvements browniens suspects de sa mémoire infaillible s’abattit sur lui tel un crâne qui s’abat brutalement sur la porte de l’armoire du haut qui s’est ouverte subrepticement lorsqu’on va chercher du cirage pour ses chaussures dans l’armoire du dessous, mais en montant. Victor le Castor…
La nostalgie d’une époque oubliée lui fit remonter au coin de l’œil une larme gonflée d’années mélancoliques où se bousculaient les réminiscences d’une vie douce et heureuse, sans monde à préserver de méchants Ted Turner karatékas cannibales germanophones turfistes. Le souvenir précis d’une balançoire enduite de beurre de cacahuètes, de nuits passées à construire une cabane en rotin dans le baobab de la cour intérieur de l’immeuble qu’ils habitaient dans, ou de visites médicales passées planqués ensemble dans le circuit de chauffage pour regarder les fifilles se déshabiller toutes nues dans les vestiaires. Victor le Castor. L’ami d’enfance. Le compagnon des jours heureux. C’était si loin.
Un jour Victor était allé chercher des cigarettes au Délèze, et plus personne n’avait entendu parler de lui.
-“Tu te souviens, au moins ?” interrogea Alain, goguenard et pondéralement surchargé au niveau humour.
-“Est-ce que je te demande si Babette a des lunettes cinq jours sur sept ?” rétorqua-t-il, écœuré par une telle débauche de moquerie comme Babette elle-même par une crème brûlée aux spéculoos…
-“On ne sait jamais, avec les jeunes de maintenant, souvent ils n’ont plus le sens des valeurs” anciencombattanta le Tapir.
-“Eh bien alors, quoi, avec Victor le Castor ? Cela fait quinze ans qu’il a disparu de la circulation ! Pourquoi me parler de lui maintenant alors que je suis encore en train de débarrasser la planète d’un méchant Ted Turner karatéka cannibale germanophone turfiste alors que j’en ai déjà quinze à la maison dans un aquarium ?” mitrailla Gaston, qui se sentait un courant d’air dans la tête et était sur le point de s’entendre faire “wouuuuuu” comme quand la Tramontane souffle entre les oreilles de Didi le Gorille…
-“On l’a retrouvé ! Il est prisonnier d’un syndicat d’amazones dans l’atelier-fabrique de shampooing pour tables de nuit de l’hôpital psychiatrique des Maronniers à Tournai !”
La nouvelle résonna en Gaston comme la masse hilare d’une bande de bonzes sur un troupeau de gongs bien accordés (car c’est bien connu, les bons Gongs font les Bonze amis (1)) Gaston alla livrer son méchant Ted Turner karatéka cannibale germanophone turfiste du jour (remerciant” CtrlC+CtrlV” la divinité qui permet de ne taper une longue suite de mots qu’une seule fois) à un dealer de maîtres du monde ; il en tira de quoi s’acheter une boîte de Grany et une fusil à chicons…
Puis, gagnant un billet Thalys gratuit à la radio, Gaston pris le TGV et s’arrêta à Tournai où ça sentait la bourgeoisie, la nostalgie déconstructive et l’ancien combattant. Il tourna dans la ville pendant des heures et se retrouva à la foire du slip, où Ted la Méduse était de garde à l’entrée.
-“Je vous connais, vous !” déclara Ted la Méduse
-“Moi non plus, mais j’avais piscine ! Et puis j’ai un goal d’avance” rétorqua Gaston, à bout de nerfs !
-“Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Vous voulez acheter de la barbapapa ou vous inscrire pour le prochain championnat du Hainaut de Curling par équipe ?” demande le garde, l’air pas malin, surtout depuis qu’on lui avait coupé les pieds et greffés sur le front, ce qui lui donnait un air analgésique.
-“Je viens de délivrer Victor le Castor de votre atelier de fabrique de shampooing pour tables de nuit !” asséna Gaston avec une violence qui n’était pas sans rappeler un pingouin mangeant un yaourt.
-“Vous pouvez mettre votre nom sur le registre ?” demanda Ted la Méduse qui s’était déjà déculotté dans l’espoir que Gaston lui mettrait son suppositoire à l’anis.
-“Plutôt manger chez Devos” dit Gaston, sortant son fusil à chicons !
Et Gaston mitrailla sauvagement le garde éberlué qui fut aussitôt réduit en un petit tas fumant… Surmontant sa répulsion, Gaston traversa l’hôpital psychiatrique, puis l’atelier de confection de shampooing pour tables de nuit ; en se bouchant les narines pour ne pas éternuer, il extermina impitoyablement les amazones syndiquées, déchira toutes les cartes de pointages, et découvrant une cache dans le mur est, libéra une pauvre petite chose estropiée d’une cellule d’un mètre sur un qui sentait le wizard saveur des bois.
-“Victor le Castor ?” demanda Gaston à la chose informe
-“Gné ?” répondit la chose
-“Vous avez vos papiers ?” demanda Gaston
-“Schfûûût Bru” répondit le machin, dans un Danois à l’accent Bantou prononcé.
Aussitôt Gaston tira le portefeuille de la poche révolver de l’infortuné ; le cran de sûreté de la poche n’était pas enclenché et le coup partit tout seul ; une pièce de cinq francs s’encastra dans le chambranle, manquant de peu le coude du milieu de Gaston le Lapin.
La carte d’identité révéla l’identité du malheureux : “Victor Athanase Pacôme le Castor, né à Ixelles de mère inconnue”.
-“Vous n’êtes donc pas Victor Jérôme Lambert Ambroise le Castor, né au Roeulx de père inconnu ?”
-“NNNNfu !” exprima Victor
-“Autant pour moi, vieux !” s’excusa Gaston. Et il en profita pour aller visiter le beffroi. (A suivre.)
(1) Ce jeu de mots déplorable a été emprunté à Gotlib ; prière de le lire très vite et de le rapporter à son auteur.
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