Gaston le Lapin est un personnage fictif dont les aventures ont été confectionnée sur à un délire collectif des membres de Coucougamin.

C’était un froid lundi d’août, un lundi tel qu’on n’en rencontre qu’en début de semaine, et généralement après un dimanche où on n’a pas travaillé.

Gaston le lapin, éreinté d’avoir passé trois cent six jours ouvrables à sauver le monde de lui-même, avait décidé qu’il y en avait marre et que si ça continuait, ça devait cesser. N’écoutant que son courage à deux mains et le stagiaire de l’agence de voyages, Gaston se décida à partir à l’aventure et à ski. Les nuages qui neigeaient de gros flocons d’avoines tous gris et la lumière sourde d’un soleil en vacances de Pâques lui livraient un message irrésistible auquel il ne pensait pas savoir résister.

Sautant à pied joint sur son téléphone portable à bretelles garé en double file dans sa poche, Gaston proposa à son amie Isidore la Dinde qu’il n’avait pas vue depuis la chute du mur de Barlin (Pas-de-Calais, France, si si, ça existe, je vous jure !) de partir avec lui descendre lascivement quelques sommets floconneux à l’aide de planches fartées et d’une voiture en bon état de marche (une voiture qui marche, quand même, on a l’air de quoi, là ?).

Bref, Isidore la Dinde, qui revenait d’une séance de poses pour un sculpteur sur saindoux, accepta avec enthousiasme et auto-dérision, car elle savait que Gaston le Lapin en pinçait pour elle depuis des années. Isidore, qui sortait d’une aventure malheureuse avec un pneu de tracteur, avait bien besoin de se consoler la tête et les conduits. Bravant toutes les missions de sauvetage de la planète qui l’attendaient sur le répondeur du voisin (car Gaston est rusé), Gaston fit son sac, attacha ses bretelles, acheta un Bob double épaisseur et un paquet de Cent Wafers au jambon, vola une voiture aux auto-scooters de la kermesse de Wanfercée-Baulet, attrapa Isidore au vol et par les genoux et ils partirent joyeux vers les sommets marins de la campagne pour skier sur la neige froide, poudreuse, blanche, haute et concave.

Après avoir déposé ses paquets à l’hôtel, défait son lit, s’être enduit de ketchup et avoir appris l’internationale en Bantou (et à l’envers), Gaston, flanqué d’Isidore qui avait revêtu un tutu et un képi (faisant par là même montre d’un magnifique sens de la dérision culturelle) s’en alla au Cora du coin acheter son forfait, une paire d’avant-skis, une paire de skis, et un seul après-ski car il ne se faisait aucune illusion sur ses prouesses de glisse. Ceci fait, il scia la tête d’Isidore, lui colla sur la fesse droite pour l’aérodynamisme, et ils s’envolèrent en téléphérique vers les pistes accueillantes.

Arrivés tout en haut de la montée ascendante vers les sommets, Gaston et Isidore étendirent leur serviette de bain pour ne pas qu’on leur pique leur place de parking, et monté sur des skis à l’aide d’une selle de baryum, ils s’élancèrent à la rencontre de la descente vers le bas de la vallée descendante. En aval. Après un looping à la fraise et deux tonneaux de rhum bien tassés, Gaston sentit un craquement dans le pneu arrière de son ski au pain (“à l’pain”, quoi qu’on en dise, c’est pas correct) et s’envolant dans le ciel en pente pour effectuer un magnifique pataquès aérien et quoi qu’en dise la bienséance, il retomba dans un cageot de chou à la crème pendant qu’Isidore se mettait à hurler une longue litanie de comptes de résultats de son exercice fiscal 1996.

Eberlué par l’évanouissement qui découlait de sa perte de conscience, Gaston, après avoir vu sa vie défiler sous ses yeux en IMAX avec le son THX et de s’être rendu compte qu’il aurait mieux fait d’être grutier aux Carrières du Hainaut, se redressa en se demandant quand même si je n’avais pas perdu un adverbe ou un pronom quelque part. Puis il se rendit compte que sa chute n’était pas fortuite : quelque chose dépassait de la piste bleue (qui comme les autres est blanche mais on a toujours besoin d’une figure de style) dans un mouvement immobile d’un rare manque d’amplitude : c’était un parapluie qui dépassait de la couche de neige. Se demandant ce que pouvait être cette chose, Gaston laissa Isidore déclamer de la polka hongroise en alexandrins et s’enquit de détacher la masse neigeuse cet étonnant accessoire imperméable et plus rempli de baleines que la mer Baltique.

Il tira. Rien ne vint. Pas même le printemps.

Il tira à nouveau et le parapluie s’arracha à la neige avec un gros “splotch !”.

Etonnant.

Au bout de celui-ci, il y avait l’inspecteur Derrick !

-“Guten Abend”, dit-il à Gaston avec un accent de machine agricole, “Bist du eine Hottentotterstottertrottelmutterlattengitterkotterbeutelrattenattentater ?”

-“Huit heures cinq” répondit Gaston, “mais j’ai été malade !”

-“Ramooooona, j’ai fait un rêve merveillleeeeeuuuuuuuuuux…” chantait Isidore qui ne trouvait rien de mieux à dire pendant ce temps-là.

-“Bist du Gaston das Kaninchen ?” demanda Derrick en se laissant pousser la moustache et en constatant que ça lui allait comme une sardine dans l’oreille.

-“Ja, ik ben een vriend van Piet” répondit Gaston avec à propos et un accent camerounais prononcé.

-“Aaaaargh” dit Isidore la dinde qui ne restait pas en reste et s’empalait sur une stalagtite montante dans le sens de la longueur vers le haut.

-“Vous parlez ménapien ?” demanda Gaston à l’inspecteur givré.

-“Uniquement quand je passe sur France 3” répondit Derrick dans la langue de Rémi Bricka avec à peine une trace d’accent à la sauce andalouse.

Derrick expliqua donc à Gaston que lui aussi avait pris des congés de sauver l’Allemagne et qu’il était venu faire de la luge en parapluie ; malheureusement Miss Pacman lui avait tendu un piège et il s’était retrouvé étalé dans la neige.

Gaston et Derrick dévorèrent ensuite sans ménagement Isidore la Dinde qui se demandait jusque là ce qu’elle faisait dans cette histoire ; ensuite ils partirent bras dessus bras dessous vers le coucher du soleil boire une cerveza. Ils burent de la salade de rat jusqu’au lendemain. Puis Derrick leur donna son nez en souvenir et il repartit faire carrière à la télévision Sri Lankaise.

Gaston passa son permis poids lourd et partir en vacances à l’incinérateur de Thumaide, où au moins on lui foutrait la paix.

Quand il revint chez lui, il y avait des messages sur son répondeur. C’était sûrement pour le voisin…

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