Brigitte Fontaine (je ne boirai pas de ton eau)

[H2G2] Brigitte Fontaine (je ne boirai pas de ton eau)
Proposé par MrNeutron-84169 le 07/05/2007 ,Validé par 38591.

Un jour j’ai commencé à écrire des phrases sur Brigitte Fontaine.

Brigitte Fontaine est vieille. Quand on la connaît mal, elle fait peur. Elle est ridée comme une pomme à la retraite et quand elle parle, les mots ont l’air de se cogner entre eux. Brigitte apprécie les boissons alcoolisées, genre on l’imagine ne sortir de chez elle que pour goûter le Beaujolais Nouveau, en compagnie de Jacques Higelin avec qui elle a commis des albums et des textes dans les années 60 et 70. Mais maintenant elle fait peur.

Moi je ne connais pas bien Brigitte Fontaine ; un jour, quand elle a sorti son redoutable album « Kékéland », je l’ai vu à la tévé. Avec Raphaël Mezrahi, en plus ? Il était en train de l’interviewer, comme c’était sa mode en ce temps-là, et c’est la première fois où l’invité piégé avait l’air encore plus dingue que le présentateur. Ils se sont tellement bien entendu que le même Mezrahi l’a emmenée pour un pseudo-reportage quelques mois plus tard dans un H.L.M. pour donner aux résidents de l’immeuble des cours d’aérobic dans une cage d’escalier.

Moi, je ne sais pas écrire, et en plus je ne suis pas assez spécialiste pour vous faire un article décent sur cette artiste déglinguée ; en plus elle doit au moins avoir dix mille ans et je n’ai sans doute pas écouté la moitié de ses albums, mais quand même.
J’aime bien.
J’aime bien parce qu’elle est plus déjantée qu’un pneu après un Paris-Roubaix. Sa tête chauve et sa tronche ravinée de vieille hallucinée qui déclame du Baudelaire pendant qu’Higelin joue à l’envers sur un piano dans « La Marche du Siècle », j’ai aimé. Cavada n’aurait jamais dû les inviter ensemble à la sortie du Beaujolais Nouveau.
« Kékélandé, j’aime. En 2001, cet OVNI est sorti dans le commerce ; rendez-vous compte des invités : M, Noir Désir, Sonic Youth, Gotan Project… Un casting hallucinant, et quelques textes mémorable, comme le fameux « Les zazous », chanté avec M :

Un vocal qui monte jusqu’au amygdales
Avec un veston qui descend jusqu’au genoux
Les cheveux coupés jusqu’a l’épine dorsale
Voila l’Zazou, voila l’Zazou (…)

Si vous rencontrez un jour sur votre passage
Un particulier coiffé d’un fromage mou
Tenant dans ses doigts un poisson dans une cage
C’est un Zazou, c’est un Zazou (…)

Et je passe sur toutes ces chansons où elle vous explique sans rire que « La nuit est une femme à barbe » ou que « je suis malheureuse parce que je suis conne ».

Elle est rigolote, Brigitte.
Attention, je n’ai pas dit “drôle”. Elle est rigolote, mais pas drôle.
Elle est laide. Elle dit des trucs bizarres. Elle a l’air bizarre. Son dernier album s’appelle « Libido » ; quelle horreur. Associer l’idée du sexe avec Brigitte Fontaine, c’est comme avoir envie de son arrière-grand-tante, celle qui pique quand on lui donne une bise, qui sent mauvais quand elle se lève de son fauteuil et qui vous donne des bonbons inconnus au goût rance qu’on dirait fait avec des avocats et des extraterrestres.

On dit qu’elle est bizarre.

Mais moi je n’ai pas le talent pour écrire des biographies. Je n’arrive même pas à la décrire convenablement.
Je ne la connais pas assez, Brigitte Fontaine.
Je l’imagine issue du croisement entre un épouvantail électrique et un pruneau d’Agen. On dirait qu’elle est pas vraie.
N’empêche, on ne sait pas d’où elle sort, mais elle n’a peur de rien. En tous cas pas de moi.
C’est plutôt moi qui ai peur d’elle.

http://www.brigitte-fontaine.com/

Moi je ne sais pas écrire des propas.
Je devrais plutôt élever des chameaux.
Mais j’essaie quand même, parce que je suis Mister Neutron, un super-héros tellement fort que je préfère prendre le thé avec des petites vieilles plutôt que de sauver la planète.

Et pourquoi ?

Parce que j’ai peur de Brigitte Fontaine.

C’est ballot.