Parce qu’il faut bien définir une catégorie qui reprend les thèmes qu’on n’a pas su classer ailleurs… Chroniques ou délires inclassables, voici le tiroir sans étiquette ni poignée…
Just don’t do it.
Hier soir, alors que nous étions en plein orgie conchiliphage avec mon cousin germain (qui n’est ni allemand ni prénommé Germain, sots que vous êtes), nous débattîmes d’un sujet sur lequel nous étions aussi intarissables qu’un gisement de pétrole dans le golfe du Mexique, j’ai nommé la procrastination.
Si vous êtes plus ou moins né en Béotie, et que le terme ne vous est pas familier, je vous invite à gougueuller gentiment la définition ; au pire, je vous promets d’y réfléchir demain…
Je me suis alors dit qu’il serait intéressant d’écrire un article sur le sujet, tout en me promettant bien sûr de le faire demain. Or il était moins de minuit, me voilà donc coincé : demain, c’est aujourd’hui, alors il est temps de s’y mettre.
J’ai été qualifié récemment et à fort juste titre de procrastinateur laxiste. Cet électrochoc m’a fort secoué (surtout le lendemain) car ce titre me définit avec une grande violence, que j’ai parfaitement méritée, soit dit en passant. Mais finalement, comment expliquer cet état vécu de l’intérieur à ceux qui en ignorent le concept ?
Définition (personnelle).
Selon moi, la procrastination n’est pas une tare, une négligence ou une maladie mentale, c’est juste une façon de vivre : ne pas faire maintenant ce qu’on n’aura de toute façon pas envie de faire plus tard, c’est une façon de se mettre la pression pour apprécier les plus petites choses à leur juste valeur. Pour un procrastinateur comme moi, qu’importe de se dire que si je fais les choses maintenant, je serai tranquille “après”, puisque de toute façon je suis déjà tranquille maintenant ? Serai-je plus tranquille ? Peut-être. Je me promets d’essayer plus tard. Le délicieux frisson du danger souffle sur le procrastinateur qui fait des choses contre-productives au lieu de faire des choses constructives car s’il inversait les priorités, les premières n’auraient pas la même saveur. Vous me suivez ? Non ? C’est pas grave, vous réessayerez demain.
Fonctionnement.
Le procrastinateur est en général conscient de son cas, même s’il ne connaît pas le mot. Il ne tente pas à s’arranger à ce que d’AUTRES fassent les choses à sa place le lendemain, au contraire : il tient viscéralement à ne pas faire les choses par lui-même ! Si vous les faites à sa place, ça gâche tout le plaisir. Faire faire les choses par les autres, ça porte d’autres noms : opportunisme, délégation, management, peu importe.
Le procrastinateur de concours est une sorte de super-héros qui sait confusément qu’il est temps de passer à l’action, mais qui a une confiance ABSOLUE dans le fait d’être immensément plus performant le lendemain. Certains appellent ça de l’optimisme, moi j’appelle ça autrement.
En général, le procrastinateur n’entraîne pas les autres dans ses délires. Il connaît les mécanismes, il sait souvent ce qu’il faut faire pour ne pas se mettre dans l’embarras, et il arrive même qu’il passe parfois à l’action (faut pas confondre avec de l’inconscience !). Il peut donc être de très bon conseil dans beaucoup de domaines, même s’il donne l’apparence de ne pas suivre ces conseils. Ne pas non plus confondre avec de l’hypocrisie ou du mensonge : le procrastinateur CROIT en ce qu’il professe, il est parfaitement convaincu et sans doute parfaitement capable. C’est juste que c’est mieux si ça se passe demain. Il s’agit juste d’une réalité différée.
Catégories.
Je n’ai pas suffisamment exploré le monde global de la procrastination pour mettre ses adeptes dans des tiroirs (même demain, je ne le ferai pas), donc je vous laisse commenter vos propres catégories. Mais moi je suis dans une catégorie que définit bien “laxiste” ; je suis basiquement et profondément convaincu que si je laisse les choses en l’état, elles s’arrangeront par elles-mêmes demain… Ca c’est un vrai problème car souvent, ça n’est jamais le cas ; ça implique une confiance en les autres, et là, ça peut mettre le procrastinateur en danger. Là, pour survivre, il faut que le sujet puisse trouver quelqu’un qui accepte sa différence et sache le remettre en place.
Dites, je ne sais pas pour vous, mais je suis sûr que cet article, je le finirai demain !
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