Confinement, année 0.2245 et quelques secondes

Confinement, année 0.2245 et quelques secondes.

Au fur et à mesure que les jours passent, il semblerait que l’heure de la douche recule.

Enfin pour autant que mon horloge interne soit encore fiable, bien sûr. Le risque majeur n’est pas nécessairement de prendre sa douche après le souper (genre pendant que les kids font vaisselle, on économiserait de l’eau), mais de finir par se dire qu’aujourd’hui on prend la douche d’hier. Puis de finir par accumuler les jours de retard. Une façon de se dire “Hier, je serai tout propre”. Le temps semble prendre un cours bien bizarre.

Aujourd’hui je découvre avec stupéfaction que j’ai des voisins. Je les ai vus se balader dans leur jardin. J’ai même cru à un moment donné qu’ils avaient pris des sacs à dos pour une expédition, mais les sacs à doc normalement ne se mettent pas à gambader tous seuls dans la pelouse. Curieux. Ils ont des enfants. Ca fait donc si longtemps qu’on est confinés? Pourtant j’ai pas l’impression que Jack Abbott a tellement vieilli. Ou alors lui aussi est resté à l’heure d’hiver ?

Chaque voyage aux toilettes me fait maintenant l’effet d’un one man show. J’ai même pensé à me créer une billetterie en ligne pour quand je dois y aller.

TicketMaster présente : “bathroom time“. Ouverture des portes dans dix minutes. Accès backstage VIP garanti. On s’amuse comme on peut.

J’apprends tout doucement à parler le chat.

Je sais maintenant faire la différence entre “Maaaaouw” (“Humain, sers-moi des croquettes”), “Maaaaaaaaaaaaooooow” (‘Humain, sers-moi des crquettes MAINTENANT !”) et “Ma-waouuuw” (“Humain, mes croquettes sont un peu vieilles, change-les”).

Je dois encore travailler mon accent.

Pas facile avec un masque.